La mécanique du monde

ca5184dc 21 avril 2015, Paris — Une fois de plus, il faut revenir sur les rives de la mer des Morts. Notre Méditerranée est devenue en dix ans la porte de l’enfer pour les fugitifs d’Afrique — Erythréens, Ethiopiens, Somaliens et Soudanais qui fuient la passion des armes et du pouvoir de leurs aînés, mais aussi désormais les Syriens qui ont échappé par d’étranges routes à la furie du Moyen-Orient. Cette fois, face à l’ampleur de l’hécatombe — mille morts ! —, tâchons d’y revenir avec les idées claires et ne taisons rien. Je veux essayer de mettre deux, trois idées en forme pour, au moins, qu’on ne dise pas n’importe quoi.

Rouages d’un système 

L’hécatombe en Méditerranée est le fruit d’un système allant des casernes d’Erythrée aux bureaux de vote européens, via les routes du cauchemar dans le Sahara. Un système vaste et complexe, qui s’est enkysté dans la réalité comme un cancer sur un organisme. Voici comment il fonctionne : animée d’abord par l’oppression, la brutalité et la bêtise du gouvernement érythréen et de ses groupies, une irrépressible mécanique pousse la jeunesse de ce pays, trahie et exaspérée, à s’embarquer sur les routes infernales du Soudan.

Ensuite ballotés entre la vie des camps, les bidonvilles d’Afrique, les filières du kidnapping, de l’esclavage et de l’exploitation, les fugitifs s’efforcent alors de survivre à l’odyssée concentrationnaire qui s’ouvre obligatoirement à eux, où les mafias de Bédouins, des militaires et des policiers cupides, des trafiquants fanatisés, des djihadistes hallucinés, des bourgeois profiteurs et des quidams racistes profitent d’eux pour extorquer de l’argent, des faveurs sexuelles ou sadiques, de la main d’œuvre gratuite ou pour jouir de jouets dociles servant leur soif de violence et leur propagande macabre. Les plus chanceux ne meurent pas ou ne disparaissent pas en chemin.

Dans ces conditions, il faut être sérieusement abruti par la mentalité petite-bourgeoise pour ne pas comprendre que les fugitifs, en s’embarquant (parfois contre leur gré) sur des bateaux délabrés, parvenus au bout du chemin de l’enfer, cherchent autant à fuir la Libye que leur pays d’origine. C’est la dernière étape, la dernière chance : pas de recul possible. Derrière, ce sont tous des assassins. Devant, c’est la mort possible, peut-être la peur, au mieux les centres de rétention européens.

Fariboles budgétaires et aboyeurs en cravate

Mais de notre côté de la mer, volontairement enfermés dans leurs fariboles budgétaires et constamment piqués aux fesses par des aboyeurs en cravate, les gouvernements européens paniquent. Doctement, incertains et trouillards, ils dégoisent, professent, communiquent beaucoup, mais ne déboursent qu’en grimaçant pour faire face à ces évadés qui font irruption dans leur petite vie compliquée, sans comprendre que la moindre décision imbécile, le moindre fléchissement dans leur action, la plus petite ambiguïté dans leurs communiqués de presse ne fait qu’aggraver la souffrance des fugitifs et influence par contagion l’ensemble de la grande « mécanique du monde » que j’ai décrite autrefois, dont nous ne sommes au fond qu’un élément au milieu de la chaîne. Ainsi, on ne sait plus comment faire face à ce système du désastre.

D’avantage d’armée, plus de radars ou de navires, moins d’argent, des drones, des médecins, des flics, des diplomates : on envoie tout et n’importe quoi, dans le désordre, sans comprendre. Mais l’Europe et ses erreurs, ses errements ou ses âneries, font partie d’un système et n’en sont ni le commencement ni la fin. Un système à cheval entre les rues des villes d’Afrique, le chaos arabe et les institutions européennes, avec ses acteurs, ses forces contradictoires et ses rapports de force, qui produit aujourd’hui l’une des tragédies les plus épouvantables de notre temps.

Gripper la mécanique

Mais ce n’est pas en s’attaquant seulement à l’une des manifestations de ce système que l’on parviendra à faire cesser le massacre. Secourir les « migrants » en mer n’est que la moindre des choses, mais ce n’est certainement pas une solution suffisante. Les laisser se noyer ou détruire les bateaux est également stupide : voilà bien une idée de militaire ! C’est l’ensemble du système qui doit être déconstruit — en Afrique, au Maghreb et en Europe.

Mais je ne vois malheureusement pas les peuples prendre ce chemin-là, ni à Asmara ni à Khartoum ni à Tripoli — ni d’ailleurs à Paris ou à Bruxelles. La nouvelle politique européenne, consistant à inclure la junte militaire érythréenne dans l’effort pour tarir les routes de l’exil, à coups de millions d’euros et de programmes « d’aide au développement », ne fera que renforcer la dynamique motrice du système. L’appareil militaire érythréen se renforcera, la maîtrise du peuple par la dictature se resserrera, les prisonniers pourront être enterrés dans le sable dans l’impunité et les jeunes perdront tout espoir de voir leur vie changer. Dans ce monde arabe si obsédé par l’identité, la mort et l’oppression, les peuples ne se réveilleront pas de sitôt de leur long cauchemar, où ils font vivre dans l’impunité et le silence les pires tourments à leurs frères noirs, lesquels pour l’instant n’ont pas les moyens de se révolter. L’histoire dira que l’indifférence y est générale pour le martyre des Africains. En Europe, des gouvernements de droite continueront à être majoritairement élus, appliquant des politiques déraisonnables et contre-productives, qui ne feront qu’aggraver ce système terrifiant qui leur permet, par choc en retour, de se maintenir au pouvoir. C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner que notre somptueuse mer commune se soit transformée en Styx, le fleuve nous séparant des Enfers : nos bulletins de vote choisissent de ne rien changer.

Conditions politiques

Ainsi, la réalité est cruelle : le système est solide et les moyens de le gripper ne sont même pas examinés. Nous ne sommes pas même au début du commencement d’une nouvelle ère. Car aujourd’hui, les conditions politiques ne sont pas réunies pour que les portes de l’enfer se referment. Il faudrait l’intervention des peuples. Mais à Tripoli comme à Londres, à Khartoum comme à Berlin, au Caire comme à Rome, les peuples sont épuisés et regardent, découragés ou semi-délirants, leur vie se dérouler à la télévision.

L’or maudit

Vue générale du site de la mine de Bisha

15 janvier 2013, Paris – Enfin, après des mois d’attente, l’organisation américaine Human Rights Watch publie aujourd’hui un rapport intitulé « Hear No Evil », consacré à la question de l’emploi, volontaire ou non, de travailleurs forcés en Erythrée par les compagnies étrangères ayant investi dans le pays.

Truffé de circonlocutions prudentes et de jargon juridique, ce document fait notamment des gros yeux d’avocat new-yorkais à la compagnie Nevsun, pour avoir failli à établir des garanties suffisantes dans sa coopération avec la dictature, empêchant l’emploi sur les sites de la mine de Bisha de conscrits ou d’esclaves.

Ce rapport fait quelque bruit, et tant mieux. Même si sa pudeur de violette et ses recommandations de comité de pilotage n’ont que peu de rapport avec la réalité érythréenne. Car à ce jour, quel travailleur érythréen peut être considéré comme un homme libre? Qui a encore, en Erythrée, la maîtrise de son destin, pour ne pas parler de son parcours professionnel? Qui, en pactisant avec le FPDJ et ses chefs dans l’unique but de faire de l’argent, peut honnêtement se draper dans une morale aux mains propres? Même si la lecture du document est très instructif, le fond de l’affaire est une triste plaisanterie.

Pour mettre un peu de perspective dans ce débat, que l’on me permette donc aujourd’hui la publication d’un extrait inédit des Erythréens, rédigé en 2010 et qui n’avait pas sa place dans la version finale du livre.

C’est long, il faut le lire, je le sais. J’y parlais non seulement des énormités de quelques investisseurs gloutons, mais également des ravages provoqués autour de la mine de Bisha par l’arrivée, dans ce pays de misère, d’un puits d’or.

*

Éparses dans la plaine rocailleuse, des têtes noires sortent des tunnels creusés dans la pierre. Les orpailleurs clandestins lâchent leurs bassines. Les soldats arrivent. A six heures du matin, une aube verte s’insinue déjà dans les trous de la mine d’or. Quatre camions du 35ème régiment s’arrêtent net autour des installations clandestines. Les fusils-mitrailleurs sont aussitôt levés. Le frottement des sandales sur la poussière fait se lever un brouillard. Certains orpailleurs cherchent dans la panique à s’insérer dans les tunnels. D’autres ont compris. Comme des chacals, le dos rond, ils prennent la fuite vers les collines. Les premiers coups de feu claquent rapidement. La nuque d’un jeune garçon qui tentait de s’enfuir éclate sous l’impact d’une balle. Son cadavre démantibulé s’effondre aussitôt. Son frère est arraché de force d’un tunnel. Un couteau à la main, il se jette sur le soldat qui vient de tirer. Le ventre du militaire est ouvert comme un fruit. L’homme s’empare de la kalachnikov de sa victime et ouvre le feu sur le premier groupe de soldats que croise son regard. Plusieurs recrues tombent, criblées de balles. Les autres se mettent à l’abri ou se couchent dans la poussière et lancent des rafales en direction de l’homme. Le forcené finit par mourir à son tour, truffé de projectiles, non loin de son jeune frère. Il a eu le temps de tuer, avec l’arme volée, au moins quatre soldats. Des troufions de dix-huit ans originaires pour la plupart d’une région lointaine de l’Érythrée, afin d’éviter les petits arrangements entre cousins.

De petites unités partent traquer les fugitifs dans les broussailles alentours. Quelques coups de feu claquent encore toute la matinée dans le lointain. On ramène un cadavre ou un prisonnier jusqu’aux camions. D’autres soldats, par deux ou trois, inspectent les trous où se tapissent les mineurs clandestins. Ils extirpent de force ceux qui cherchent à se cacher, menacent ceux qui seraient encore au fond de les enfumer ou de les noyer. Alors, les hommes-rats sortent un par un, les mains ouvertes, prêts pour la prison et les travaux forcés. Au mieux, l’armée. En file indienne, ils sont chargés dans les bennes des camions.

C’était le 1er avril 2010, à Tambara, dans le sud-ouest de l’Erythrée. Ce même jour, des rafles ont eu lieu sur plusieurs sites aurifères traditionnels de la région du Gash-Barka. Sur l’immense site de Kosolda, dans la sous-zone de Shambakko, la traque des orpailleurs a duré deux jours. Les porteurs de bassines, les guetteurs, les porteurs de sacs et les oisifs ont été arrêtés les premiers. Mais de nombreux creuseurs sont restés au fond de leurs terriers.

Les officiers du 35ème régiment ont alors fait venir un camion équipé de hauts-parleurs pour avertir les hommes recroquevillés dans les tunnels qu’ils devaient se rendre ou mourir. Les chefs des villages alentours ont également été conduits de force jusqu’à l’entrée des boyaux pour convaincre les mineurs de sortir. Ce fut clair, au bout de vingt-quatre heures, que les mineurs encore vivants ne se rendraient pas. Des boules de broussailles et de chiffons imbibés d’essence enflammée ont donc été jetés dans les tunnels, l’un après l’autre. Une trentaine de réservoirs d’eau a été déversée dans certaines entrées de mines. Au fur et à mesure que les jours ont passé, vingt corps ont été extirpés des trous. Les survivants ont été envoyés au camp de Qualay. Quelques jours plus tard, les 8 et 9 avril, les sites de Hamdemdem et Fakom, dans la même région, ont été ratissés. Vingt-quatre mineurs clandestins ont été tués, estime l’opposition. Les autres ont été enrôlés de force dans l’armée, en caserne disciplinaire.

C’est à ce prix que le gouvernement érythréen fait place nette sur les territoires riches en métaux précieux. L’or… Le pétrole érythréen, croit-on. Le pays, aujourd’hui ruiné, serait au bord d’un grand boum économique. Son sous-sol regorge d’or, d’argent, de cuivre et de zinc. Des nombreuses compagnies étrangères cherchent donc à s’entendre avec Issayas et ses hommes pour obtenir des licences d’exploration et d’exploitation des basses-terres de l’ouest et du sud-ouest. Des montagnes de métaux largement laissées en friche. Pour en profiter, il suffit de s’entendre avec le parti-État.

Le projet phare de cette ruée vers l’or érythréen est le site de Bisha, à l’ouest d’Agordat, au pied des collines arides de l’ouest. Un vaste complexe industriel posé au beau milieu d’une toundra de terre et d’épineux, un circuit élaboré de conduits, de rails suspendus, de poutrelles d’acier, de tuyaux, de réservoirs et de hangars : le dépliant est impressionnant. Bisha est la mine dont rêvent les hommes d’affaires occidentaux. Gérée par la société canadienne Nevsun Resources Ltd, la parcelle exploitée promet 27 millions de tonnes de minerai, dont un million d’once d’or, 9,4 millions d’onces d’argent, de 700 à 900 millions de livres de cuivre et un million de livres de zinc. Une réserve exceptionnelle, qui livrera d’abord 450 000 onces d’or par an, puis le cuivre dans la couche inférieure et enfin le zinc. Dix ans d’extraction sont prévus, avec des bénéfices faramineux, entre 200 et 300 millions de dollars par an.

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que de prestigieuses sociétés d’investissement ou des holdings financières occidentales se soient engagées dans le projet. Vanguard, Franklin Templeton, à hauteur de 20 et 15 % des parts, JP Morgan, Passport Capital, Van Eck, Jennison, Black Rock, Oppenheimer, Baker Steel, tous ont mis la main à la poche pour faire partie de l’aventure de Bisha, l’une des plus prometteuses du monde. Il faut admettre que Nevsun Resources Ltd ne lésine pas sur l’expression de son enthousiasme pour attirer des investisseurs. De l’or de haute qualité à faible coût, un retour sur investissement à court terme, une production imminente, prévue fin 2010, des cotations qui ne cessent d’augmenter, un pays qui n’est pas une foire à la corruption, un environnement sûr, l’éventualité de projets de développement ultérieurs et… le « very strong support » du gouvernement érythréen. Que demander de plus ? Une main d’œuvre dévouée, pleine de gratitude pour la création de centaines d’emplois, dans un pays où le revenu par habitant est d’environ 108 euros par an. Du reste, dans sa communication institutionnelle, Nevsun Resources Ltd salue la fiabilité des Érythréens, « connus pour leur comportement amical et leur fierté de leur religion », eux qui sont « assidus au travail par nature ».

Il y a quelques années, Alem Kibreab, le candide directeur des mines au ministère de l’Energie et des Mines, pouvait ainsi parader, de bulletins spécialisés en dépêches d’agences, clamant à qui veut l’entendre que, oui, « Bisha est unique ». Unique et lucratif, pour un gouvernement qui prétend maintenir le pays dans l’autosuffisance et compte sur les maigres récoltes de ses paysans pour nourrir son peuple. A travers la société publique ENAMCO, l’État érythréen détient en effet 40% de la mine de Bisha. C’est bien sûr la condition sine qua non pour travailler en Érythrée. Rien n’est possible loin des hommes d’Issayas et du parti.

Et d’autres sites vont suivre. Le grand projet de Zara et son million d’onces d’or, géré par la société australienne Sud-Sahara Resources, le site de Koka et ses 720 000 onces d’or sur sept ans, conduit par l’Australien Chalice Gold Mines Ltd., puis la « ceinture d’Asmara » et ses 70 millions de tonnes de minerai, explorée par les Canadiens de Sunridge Gold… L’Etat érythréen prend ses 10% chaque fois, avec des options pour acquérir 20 ou 30% des parts au fil des années. Comparés aux 50 à 60% exigées par exemple par le Soudan ou l’Egypte, le filon érythréen est plus qu’attractif. Une quinzaine de sociétés ou de joint-ventures font donc désormais le siège du gouvernement d’Asmara après avoir obtenu son aval, fouillant le sol, commandant des études, faisant des propositions, arrondissant les angles : les britanniques d’Andiamo Exploration et de London Africa, les chinois de Land and Energy et de Zhongchang Mining, les australiens de South Boulder Mines Ltd et de Gippsland Ltd s’étant joints à la ruée vers l’or de Sub Sahara Resources et Chalice Gold Mines Ltd, les indiens de Spice Minerals, les sino-érythréens de China Exploration & Mining Share Company, les érythréo-libyens de Eri-Lib Mining Share Company, Sahar Minerals basé aux Bermudes…. A quoi servira la manne financière récoltée par le gouvernement ? « Il est trop tôt pour le dire », avait il y a quelques années répondu à l’AFP le décidément très candide directeur des mines, Alem Kibreab.

Entre-temps, les associations érythréennes de la diaspora observent cette ruée vers l’or avec inquiétude. Elles savent que les populations les plus indigentes des régions aurifères creusent le sol depuis des siècles pour ne serait-ce qu’un gramme d’or. Au taux actuel, cela représente l’équivalent de l’argent de poche versé par l’armée aux conscrits du Warsay Yekealo. Alors, par petits groupes, en famille, ils arrachent des blocs de rocher qu’ils brisent en les frappant entre eux. Le tamis est fait avec des semelles de sandales et l’agglomération de l’or, parfois, à mains nues avec du mercure, du poison pour les hommes et les bêtes. Mais peu importe. Gratter la terre pour une poignée de lentilles sous-payées ou fouiller la terre natale à la recherche de métaux précieux, le choix est vite fait. Les gens viennent gratter les contreforts des grands sites industriels, sous les yeux d’ingénieurs occidentaux médusés. Des enfants transportent sur leur dos des empilements de roche, le long de puits abrupts.

Les sociétés étrangères sont embarrassées. Timothy Strong, directeur du projet érythréen de la compagnie britannique London Africa, s’est d’ailleurs confié au correspondant de l’agence Reuters, en février 2010. Il a admis fournir de l’eau et de la nourriture à cette cour des miracles qui pullule autour des installations de sa société. « Même si l’orpaillage artisanal sur les sites attribués à des sociétés privés n’est pas légitime techniquement, c’est mieux d’établir de bonnes relations avec les communautés locales », confiait-il en se désolant des conditions de vie des Érythréens qui ramassent les miettes des compagnies étrangères et du gouvernement. « Si vous privez totalement les villageois locaux de leurs droits — à part être immoral —, vous livrez votre projet à la possibilité d’actes de sabotage. Nous, nous apportons de l’aide sur notre site. »

Le plus souvent, l’armée s’en charge également, à coups de giffa, les grandes rafles ramenant dans les casernes ceux qui n’y sont pas déjà. Ensuite seulement, les plus robustes et les pistonnés sont envoyés sur des chantiers utiles.